Pendant les vacances de Pâques je suis allé à Montgenèvre une station de sport d’hiver située dans les Alpes tout proche de la frontière italienne. L’objectif étant de passer un moment agréable en famille et d’initier mes enfants au ski. Comme cela faisait des lustres que je ne m’étais retrouvé sur une piste, je décide de faire appel à un moniteur pour me remémorer les bases et vaincre le sentiment d’appréhension dont j’ai du mal à me défaire.
C’est à cette occasion que je rencontre Lalou, mon moniteur de ski. Très vite les automatismes reviennent. Lalou décide de m’emmener en haut de la montagne parcourir les différentes pistes vertes du domaine.
Nous prenons un tire-fesse, une télécabine et un télésiège. Un silence profond s’installe, le spectacle des montagnes enneigées, le fait d’être suspendu au dessus du vide provoque en moi un sentiment de paix et de contemplation.
Lalou décide soudain d’engager la conversation et de rompre notre tête à tête silencieux. Il souhaite en savoir d’avantage sur moi, ma profession, où je vis, ce que je fais. C’est alors qu’au détour d’une phrase je prononce les mots suivants :
– Je suis originaire des Antilles, de la Guadeloupe, de Marie-Galante plus exactement.
Lalou : Ah bon ? Tu es né où ?
– A Paris
Lalou : Dans ce cas tu n’es pas originaire des Antilles tu es originaire de Paris.
Je fronce les sourcils, souris et regarde attentivement mon moniteur. Dans ma tête les arguments s’accumulent, je ne suis pas d’accord avec lui. Cependant impossible de rétorquer quoi que ce soit. Ce que Lalou exprime c’est que, lorsqu’il pose son regard sur moi ce qu’il voit c’est un être humain, pas un Noir. Cette noblesse me désarme. Je souris à nouveau.
-Oui Lalou tu as raison.
Doucement nous nous rapprochons du sommet.
Tout doucement.
Le silence reprend ses droits, la paix et la contemplation aussi.